lundi 11 mai 2009

Une ouverture de libertée


Le besoin de peindre

Les émotions et les sensations qui se présentent dans les séances de peinture sont multiples pour Albec. Elles sont différentes d’une période de travail à une autre; d’une séance d’atelier ou d’une période d’observation en plein air. La peine comme le plaisir se côtoient périodiquement tout en s’opposant et se soutenant à la fois dans le voyage de la composition d’un tableau.

Pour Albec, être devant une toile blanche est comme l’écrivain penché sur sa feuille vierge. La raison n’est pas que la thématique est inexistante au contraire, la majorité du temps, le plan de travail est établi, l’ordre d’exécution est planifié; mais plutôt l’angoisse qui se crée sur le premier coup de pinceau comme un athlète sur sa ligne de départ. Un trac s’établit et perdure tout au long de la composition du tableau, l’anxiété de faire une réussite de composer une œuvre comme si tu devenais créateur, le manque de confiance dans ses capacités, la peur de l’insatisfaction et de l’échec. Tu veux que tout soit parfait; pas d’erreurs, que ce nouveau-né soit réussi et apprécié, il ne doit en rien refléter tes peurs, tes angoisses mais faire paraître le beau, la joie, la vérité enfin la pureté. Quelle erreur…! On peut voir toute la contrariété qui se bouscule, se piétine en l’intérieur de soi.

L’étape première passée suit la période d’incertitude et de certains malaises. Albec ressent une insatisfaction une certaine révolte qui prend place. Tout le plan bien établit ne fonctionne pas comme il voudrait. La couleur n’est pas bonne. La lumière est absente, manque de contraste. Ha!..., ce ciel est trop foncé. Les nuages manquent de volume. Rien n’est bon, ce n’est pas ça qu’il veut. « Quelle merde… ». Une autre toile de manquée, ça ne marche pas. La meilleure solution est de se retirer devant cet échec, ce mauvais départ. Ce bleu aurait été meilleur. Non, de la lumière, la couleur jaune lumière peut-être ou plus de blancs.

Au bout de quelques jours de réflexion, de languissage et de visite répétée au chevalet en tout temps de la journée et même la nuit, Albec reprend son courage et retourne sur sa toile. Les solutions ont germé et elles peuvent être appliquées, heureusement la peinture est encore humide et peu se corriger ou bien tout enlever la couche de pâte et recommencer. Les détails veulent prendre leur place et se bousculent, mais il n’est pas encore le temps pour la finition. Le perfectionnisme peut être une belle qualité et même agréable à en contempler le résultat, mais c’est aussi un ennemi qui se met dans tes jambes avant son temps et devient un sacré défaut plus nuisible parfois.

Après plusieurs séances de travail et que le tableau commence à ressembler à la vision que le peintre voulait, si l’on peut dire, un plaisir se présente à chaque coup de pinceau. L’on peut pousser jusqu’à dire une jouissance cérébrale qui t’emporte une frénésie et qui te fait oublier le temps qui passe. J’ai mon filon, je ne peux lâcher tout de suite, puis tu répètes tes applications de couleurs et plus la passion te saisie et t’emportes. Rien n’est plus important à ce moment que ce bout de chiffon tendu, que cette odeur qui t’enivre et te pousse davantage à ajouter une couleur ici où là, plus d’ombre sous l’arbre, un reflet de soleil sur l’herbe, une couleur plus vive pour démarquer la profondeur du tableau.

Et voilà la période la plus difficile peut-être à affronter dans ce métier pour Albec, c’est l’approche de la fin, la finition de la composition, la finale. Le travail se termine, mais l’esprit ne veut pas abandonner cette nouvelle représentation. Une petite retouche ici, un coup de pinceau là, non… . Il manque quelque chose, mais quoi? Rien, le tableau est fini.

Puis viens le temps de l’amertume, l’insatisfaction et le sentiment de ne pas avoir réussit son travail. Il manque toujours quelque chose dans cette toile, tout le négatif fait surface, mais est-ce des raisons valables pour se laisser aller à l’abandon.

Heureusement tout reviens à la normal et l’on apprend à aimer et apprécier l’oeuvre que l’on a travaillée pour le plaisir de faire découvrir l’art et la beauté qu’elle apporte.

Albec